
Jean Robert Pitte, dans son livre « Bordeaux Bourgogne », défendant le point de vue de Roger Dion sur les rapports du vin à la géographie et à l’histoire, cite Jean Kressman : « il y a plus d’histoire que de géographie dans une bouteille de vin ».
Réfléchissant à l’histoire des vins d’Anjou, je pense que c’est un bon fil conducteur pour comprendre notre région viticole. Et qu’on pourrait réfléchir à quelques dates ou évènements clés, qui ont certainement joué un rôle important au fil des siècles.
– Effets de la défaite de Jean sans Terres, en 1214, à la Roche aux Moines : la défaite des Plantagenêts n’a-t-elle eu aucune conséquence néfaste et durable sur le vignoble angevin, en lui coupant des marchés rentables et prestigieux, au profit du changement du centre de gravité du pouvoir royal et des flux commerciaux vers l’Ile de France ?
– Alors que l’Aquitaine a réussi, quelques années après la bataille de Castillon, a rétablir les privilèges douaniers et commerciaux, en particulier vis-à-vis de son marché anglais.
La révocation de l’Edit de Nantes dès l’arrivée de Louis XIV : perte des marchés du Nord de l’Europe
Les guerres de Vendée et les ravages dans le vignoble
Sujet qui peut être polémique, mais qu’on doit traiter de façon historique : du 10ème siècle jusque dans les années 1940 ; le chenin semble être le cépage maître en Anjou. Comment sommes nous arrivés en 30 ans, à balayer 10 siècles de chenin, à la situation inversée’ actuelle : chenins secs 5%, rosés 50% des vins d’aoc en Anjou. L’arrivée du cabernet pour faire du rosé demi-sec aurait-elle été possible: sans la chaptalisation légalisée systématique, qui permet d’obtenir des vins de cabernet avec sucres résiduels non négligeables, alors que nous sommes à 350 km au nord de Bordeaux, où parfois les cabernet ont du mal à mûrir pour faire du rouge ? Cette possibilité technique et légale, répondant à une possibilité de marché, s’appuyant sur les difficultés de l’articulation entre chenin sec et liquoreux, sur les risques que font courir aux domaines les dangers du botrytis, n’a-t-elle pas un rôle dans cette transformation historique spectaculaire et brutale de notre vignoble ? (voir la thèse de JBovin ESA 1924).

Pour aller plus loin...
…les éléments historiques passionnants établis par Henri Galinié dans le document ci-joint dont la référence axcte est « Henri Galinié. de Pineau et Plant d’Anjou à Chenin (1400-1900), Recherches sur l’histoire des cépages
de Loire, 14. 2019. halshs-02138158v2«